La Politique

Auteurs :

8,00

volume in-8 broché, 248 pages, édité en 1948 aux éditions Jean Froissart, numéroté, non coupé, légères rousseurs, intérieur frais

En stock

UGS : 1940 Catégories : , Étiquettes : , , ,

Description

« Sans doute, les tristes abstractions dont la société libérale et bourgeoise, autour de 1928, continuait à se mystifier elle-même, pouvaient être facilement rejetées. J’étais boursier dans un lycée, et je savais par contact quelle dérision c’était que l’égalité humaine proclamée par cette société. Je pense que les garçons de mon âge et de ma condition, si la crise française avait été aussi aiguë que la crise allemande, et s’ils avaient rencontré un message analogue à celui de Hitler, auraient été assez facilement “nationaux-socialistes” et auraient renié toutes les lois non écrites, dans le saccage des valeurs abstraites superficielles qui coïncidaient avec le contenu idéal de la “démocratie” : il suffit de ne plus penser aux lois non écrites les plus authentiques, de s’engager dans la multiplicité concrète de la vie, pour que, peu à peu, l’horreur constitue son domaine à part, secrètement voisin de la joie et des accomplissements d’une cité.

Pour moi, l’étonnement et l’ivresse devant les formes particulières, les idées naissant au contact même des choses (celles aussi qui naissent pour l’homme à l’occasion de ses besoins et de ses désirs) étaient un risque certain. Elles créaient une indifférence morale complète, et m’absorbaient dans la particularité. Les préceptes, par eux-mêmes, auraient été sans force contre un mouvement toujours plus ivre de connaissance. C’est l’autorité de mon père (le fait qu’il reconnaissait ces lois non écrites) qui me maintint, au moins théoriquement, dans leur domaine. À l’origine, l’idée du père (et elle seule) donne son sens et sa valeur vivante aux interdictions : la loi morale, le respect de l’homme, aucune de ces richesses idéales ne nous appartient vraiment, n’est tout à fait reconnue par nous, qu’à travers la relation première et privilégiée du fils au père….”

Pierre Boutang

Informations complémentaires

Poids485 g